Fenel Bellegarde est venu passer son Master 2 spé 2 « Conseiller en accessibilité et accompagnement des publics à besoins éducatifs particuliers » à l'INSHEA en 2015. Il est retourné en Haïti où il participe à participe à plusieurs actions pour le handicap et il est le co-fondateur du premier organisme de formation en langue des signes en Haïti, l’Institut haïtien de langue des signes (IHLS). Il nous raconte son parcours.
Mon passage à l’INSHEA comme étudiant a été pour moi non seulement une opportunité de mieux appréhender la problématique du handicap et de l’accessibilité universelle, mais aussi de rencontrer des universitaires et professionnels travaillant sur cette problématique tant en France qu’en Haïti. J’avais déjà de solides connaissances empiriques sur cette thématique, mais la formation acquise à l’INSHEA me permet de mieux conceptualiser la réalité quotidienne des personnes handicapées afin de pouvoir formuler de solides recommandations aux autorités de mon pays.
Ma première motivation était ma volonté de me spécialiser dans cette branche en raison non seulement de mon handicap physique, mais aussi de mes responsabilités au sein du bureau du secrétaire d’État à l’Intégration des personnes handicapées (BSEIPH) depuis plus de dix ans et des associations de/pour personnes handicapées. Ensuite, l’INSHEA en tant qu’institution d’enseignement supérieur jouit d’une grande notoriété en France et à l’international. Enfin, je souhaitais grandement m’ouvrir sur le monde, étendre mon réseau en rencontrant d’autres professionnels et universitaires.
Une fois revenu de la France, je voulais à tout prix mettre mes compétences au service de mon pays, surtout en ce qui concerne le handicap et l’accessibilité universelle. Ainsi, j’ai pris l’initiative, avec deux autres amis, de créer le premier organisme d’apprentissage de la langue des signes en Haïti, à savoir l’Institut haïtien de langue des signes (IHLS). Ce master m’a beaucoup aidé dans la mise en œuvre de cette initiative tant sur le plan organisationnel et fonctionnel que du point de vue stratégique. Les notions apprises lors de cette formation me sont vraiment utiles, ce qui me met en confiance face à l’ampleur des besoins en Haïti.
Faire ses études à l’étranger et particulièrement en France se révèle d’une extrême importance en Haïti pour de multiples raisons. Tout d’abord, Haïti est un pays francophone, la langue française joue un rôle prépondérant dans les diverses interactions formelles et/ou officielles (l’administration publique, l’éducation, formation supérieure, etc.). Ensuite, un diplôme français vous procure une sorte de valeur symbolique, de notoriété voire de légitimité auprès des autres étudiants et institutions du pays, compte tenu de la faiblesse du système d’enseignement supérieur en Haïti et la perception des gens en ce sens. En dernier lieu, cela permet de prendre du recul pour pouvoir mieux appréhender la réalité, ce qui paraît certaines fois très complexe quand on étudie en Haïti, vu les contraintes de toutes sortes auxquelles nous sommes confrontés.
Cependant, cette longueur d’avance peut être considérée comme étant un frein ou barrière pour l’étudiant dans ses interactions avec d’autres personnes ou professionnels méfiants, peu qualifiés et conservateurs.
Tout d’abord, je suis une personne handicapée, donc c’est de bonne guerre que je milite pour l’inclusion de cette population à tous les niveaux dans notre société. Comme dit le dicton : « rien pour nous sans nous ». Ensuite ? J’ai toujours été très sensible à la condition de vie des communautés les plus vulnérables et marginalisées. D’autant plus, mon premier emploi formel, comme communicateur social, a été au BSEIPH (Bureau du secrétaire d'État à l'Intégration des personnes handicapées), ce qui me permet d’être en interaction quotidienne avec des personnes en situation de handicap.
En dépit de mon intérêt manifeste à poursuivre mes études de 3e cycle, j’intègre pleinement le marché du travail avec plusieurs chapeaux :