Spécificités de l’enseignement des sciences pour des élèves en difficulté grave et durable
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C’est s’interroger sur le monde pour le comprendre, en construire une représentation qui, confrontée à l’observation, est toujours provisoire et révisable. C’est partager des interrogations avec autrui, confronter des informations à travers l’étude de phénomènes (du fonctionnement du corps à l’apparition de l’homme, de l’observation des étoiles à la naissance de l’Univers...).
C’est aussi aborder l’universel. Les faits scientifiques existent et peuvent être observés indépendamment des conditions de vie des habitants de la Terre. Les règles, lois, propriétés servant à décrire notre environnement se construisent en dehors de la vie sociale et affective de chacun. Si on lâche un stylo d’une certaine hauteur, il tombe… ceci que j’habite en France, au Brésil ou au Japon…, que j’appartienne à un milieu aisé ou que mon père soit au chômage…, que je sois en bonne santé ou atteint d’un handicap...
Pour des élèves en Segpa ou en Erea
Ces élèves présentent "des difficultés scolaires graves et durables auxquelles n’ont pu remédier les actions de prévention, d’aide et de soutien et l’allongement des cycles. Ces élèves ne maîtrisent pas toutes les compétences et connaissances définies dans le socle commun attendues à la fin du cycle des apprentissages fondamentaux et présentent à fortiori des lacunes importantes dans l’acquisition de celles prévues à l’issue du cycle des approfondissements". (CIRCULAIRE N°2006-139 DU 29-8-2006 – BO n° 32 du 7 septembre 2006)
Il leur est difficile de mobiliser leurs capacités cognitives (percevoir, analyser, mettre en mémoire, rappeler)… Les freins peuvent être de tous ordres : social, affectif, culturel ou linguistique…
Cependant, quels que soient le thème, la compétence de ces élèves et leur niveau de performance, la pratique d’activités scientifiques est un support pertinent pour développer au mieux leurs aptitudes, en partant de là où ils en sont, pour les amener un peu plus loin, un peu plus haut, pour les élever.
Avec quels bénéfices
L’activité scientifique et technologique est un outil formateur qui développe le raisonnement, favorise l’esprit critique, exerce à la rigueur, permet de structurer sa pensée et de la communiquer et ainsi d’acquérir des compétences méthodologiques et langagières.
Parmi les compétences méthodologiques, citons l’observation (prise d’indices, tri, comparaison…), l’émission d’explications, l’interprétation de résultats observés… compétences utiles dans d’autres domaines. Parmi les compétences langagières, retenons le fait d’utiliser des connecteurs logiques et un vocabulaire approprié (lexique spécifique), d’organiser un discours oral et/ou écrit, de lire et produire des écrits (consignes, schémas…).
Comment ?
en favorisant le questionnement
Des questions fondamentales sur la vie, la mort, la souffrance… habitent ces adolescents. L’idéal est de partir de là, d’offrir un espace pour faire émerger ces interrogations, de transformer tout événement en un objet d’étude scientifique, de débattre et ainsi faire naître d’autres questions en phase avec des savoirs à acquérir. Se centrer sur le questionnement des élèves, c’est leur permettre de s’engager et de s’approprier le sujet.
en privilégiant les mises en situation collectives
C’est la richesse de l’expérience vécue à plusieurs qui développe le langage et nourrit l’expression. Plutôt qu’étudier le schéma du vélo et le vocabulaire associé, il peut être judicieux de faire une randonnée à vélo : on utilise la sonnette, on met du cambouis sur son pantalon ; la chaîne déraille… Chemin faisant, vocabulaire et connaissances liés à la technologie du vélo s’acquièrent.
Comme dans la communauté scientifique, les contenus se construisent collectivement par une démarche rigoureuse (observation, expérimentation, discussion…).